Terrain non constructible : l’horticulture comme alternative viable ?

Face à la raréfaction des terres disponibles pour l’agriculture et l’urbanisation croissante, l’utilisation de terrains non constructibles pour l’horticulture est une question qui mérite d’être posée. Peut-on cultiver sur ces espaces ? Quelles sont les contraintes légales et techniques ? Et surtout, est-ce une solution viable pour répondre aux enjeux environnementaux et sociaux de notre époque ? Cet article vous propose un tour d’horizon de cette problématique et tente de répondre à ces questions.

Définition d’un terrain non constructible

Un terrain non constructible est un espace qui, en vertu du Plan Local d’Urbanisme (PLU) ou du Plan d’Occupation des Sols (POS), ne peut pas accueillir de construction pour diverses raisons : risques naturels, contraintes environnementales, préservation du patrimoine paysager, etc. Ces terrains sont généralement situés en zones agricoles, naturelles ou forestières et leur utilisation est strictement encadrée par la loi.

Le cadre légal pour l’utilisation des terrains non constructibles

La législation française prévoit que les terrains non constructibles peuvent être utilisés à des fins agricoles ou sylvicoles, sous réserve de respecter certaines conditions. Ainsi, l’horticulture, qui englobe la culture de plantes ornementales, potagères et fruitières, peut être pratiquée sur ces terrains, à condition de ne pas enfreindre les règles d’urbanisme et de ne pas compromettre la préservation des espaces naturels.

Il est essentiel de se renseigner auprès des services d’urbanisme de la commune où se situe le terrain pour connaître les contraintes spécifiques qui s’appliquent à celui-ci. Par exemple, il peut être interdit d’installer des serres ou des équipements permanents sur un terrain non constructible, même si la culture elle-même est autorisée.

Les contraintes techniques liées à l’horticulture sur un terrain non constructible

Outre les contraintes légales, cultiver sur un terrain non constructible peut également présenter des défis techniques. En effet, ces terrains sont parfois situés dans des zones peu accessibles, éloignées des réseaux routiers et énergétiques, ce qui complique leur exploitation. De plus, la qualité du sol peut être variable et adaptée à certaines cultures mais pas à d’autres.

Pour remédier à ces difficultés, il est possible d’utiliser des techniques d’agriculture hors-sol (hydroponie, aquaponie) ou de permaculture, qui permettent de tirer parti au mieux des ressources disponibles et de limiter les impacts environnementaux. Ces pratiques peuvent notamment contribuer à la préservation de la biodiversité et favoriser une agriculture locale et responsable.

L’horticulture comme solution face aux enjeux environnementaux et sociaux

Dans un contexte de changement climatique et de raréfaction des terres cultivables, l’horticulture sur terrain non constructible peut apparaître comme une alternative intéressante pour répondre aux enjeux environnementaux. En effet, cette pratique permet de valoriser des espaces inexploités tout en limitant la consommation d’eau et d’énergie, grâce à des techniques de production innovantes et respectueuses de l’environnement.

De plus, l’horticulture peut également contribuer à renforcer le lien social et le dynamisme économique local. Par exemple, certaines communes encouragent le développement de jardins partagés ou d’initiatives d’économie sociale et solidaire sur des terrains non constructibles, dans le but de promouvoir l’autoproduction alimentaire et la cohésion sociale.

Quelques exemples concrets d’horticulture sur terrain non constructible

Plusieurs projets d’horticulture sur terrains non constructibles ont vu le jour en France et à l’étranger. Parmi eux, citons le projet « Les Jardins de Cocagne » en Île-de-France, qui vise à réhabiliter des espaces délaissés pour y implanter des jardins potagers bio. Cette initiative a permis de créer 15 emplois pour des personnes en situation de précarité et de produire près de 100 tonnes de légumes par an.

Au Royaume-Uni, la société Growing Underground cultive des micro-légumes sous terre dans un ancien abri anti-aérien situé sous Londres. Le site est non constructible en raison de sa localisation urbaine et souterraine, mais il est parfaitement adapté à une production hors-sol innovante et écologique.

Ainsi, l’horticulture sur terrain non constructible apparaît comme une solution viable pour valoriser des espaces inexploités et répondre aux enjeux environnementaux, économiques et sociaux de notre époque. Toutefois, elle doit être menée dans le respect des contraintes légales et techniques propres à chaque terrain et favoriser des pratiques respectueuses de l’environnement.

La mobilisation de ces terrains peut donc représenter une opportunité pour les acteurs locaux, agriculteurs, collectivités territoriales et citoyens engagés, qui souhaitent développer une agriculture durable et solidaire sur leur territoire. Il convient néanmoins de rester vigilant quant aux possibles dérives et de veiller à ce que ces projets soient bien encadrés par la loi et les instances locales.